Cette ville coloniale de 150 000 habitants à 4090m d'altitude est plutôt à découvrir par jour de grand soleil!
Ce ne fut pas notre cas et la pluie qui innonda notre arrivée nous plongea dans le tableau de ces villes minières, à savoir boue, grisaille et chantiers.
Pourtant cette ville conserve quelques trésors de l'architecture coloniale mais la météo en amoindrit fortement leur valeur.
La particularité de Potosi est de se trouver au pied de la montagne "Cerro Rico" (la colline riche) et fut lors de son apogée, un bastion d'une richesse affolante.
C'est un indien de l'Altiplano, Huallpa qui révéla à un aventurier espagnol de l'expédition de Pizarro la présence d'argent dans ce lieu. Rapidement, Charle Quint, 10 ans plus tard éleva Potosi au rang de ville impériale (la seul d'Amérique latine!). Son exploitation intensive durant plus de 3 siècles et aurait permis de recouvrir le pavé d'une route à 2 voies jusqu'à Madrid!
C'est ce gruyère de plus de 10 000 galeries que nous décidons avec Benoit de visiter. Encore en activité, et organisés sous forme de coopératives, ce sont plus de 12 000 mineurs qui perforent encore cette montagne 6 jours sur 7 pour en extraire l'étain, le zinc et le plomb.
Arnachés de combinaisons, casque et lumière, nous passons d'abord par le marché des mineurs pour y acheter les offrandes obligatoires et notre baton de dynamique (en vente libre).
Notre guide nous explique les offrandes, tant pour les gardiens de la mine que pour les mineurs eux même, mais aussi pour el "Tio", le dieux souterrain des entrailles de la terre, véritable dieu ou démon selon les offrandes qu'il reçoit ou pas.
Ainsi, nos feuille de coca seront dispatchées, la sculpture du Tio sera arrosée d'alcool à 99,9° (pour favoriser la recherche du minerai pur) et quelques cigarettes lui seront laissées.
Puis ce sont les boyaux étroits, soit debout, sois pliés en deux. De temps à autre des échafaudages pour renforcer les galeries. Puis tout a coup un trou indique l'accès à un étage supérieur ou inférieur, situé 10m au dessus ou au dessous.
Des rails dans les conduites principales expliquent l'acheminement de wagonnets vers la sortie. Mais c'est à dos d'hommes (40kg par course) que les mineurs transportent le minerai vers ces galerie principales. La chaleur devient très forte lorsque l'on a parcouru plusieurs centaines de mètres à l'intérieur des galeries. Ce dimanche après midi, les mineurs se reposent (ou se soûlent selon notre guide) et la poussière est retombée. Mais en temps normal la situation peut être irrespirable. La durée de vie d'un piqueur (celui qui perfore les galeries) ne dépasse pas 35 ans, et sur 10 décès, 7 proviennent de la silicose et 3 d'accidents (gaz, explosion,...).
Etrange atmosphère car on imagine ce type de travail d'un autre âge. Pourtant ici cela continue.
En sortant, nous avons droit à l'explosion du baton de dynamite. Véritable kit du parfait artificié, le résultat nous impressionne: 5mn de mèche lente puis une explosion forte qui projette des cailloux à une dizaine de mètres de hauteur!
Hé oui, Germinal existe encore!
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